Le fleuve avance fuyant le tumulte des jours
Mais il porte au creux de ses flots
L’empreinte des soleils oubliés
La terre s’ouvre en offrant ses blessures
Comme des pages froissées
Où s’écrit le mystère des origines
Les pierres gardiennes des âges
Conservent le râle du dernier orage
Elles soupirent des fragments d’éclairs
Des parcelles de mondes engloutis
Elles livrent la mémoire du feu et de l’eau
Elles chantent les rêves qui nous précèdent
Tandis que l’onde sculpte l’éphémère
Transformant l’invisible en promesse
Chaque arbre déploie ses bras au ciel
Ses racines à la souche
Entre l’envol et l’ancrage
La présence d’une sève immobile
Le vent brode des songes entre les branches
Et les mots orphelins
Cherchent un abri dans les cheveux du temps
Dans le murmure du clair-obscur
La lumière s’effeuille fragile
Chaque battement d’aile
Une rumeur d’étoiles brisées
Nous marchons sur les cendres de l’aurore
Buvant le sang secret sous la peau de la nuit
La vie indécise et dense
S’accroche aux fissures
Une main tendue vers l’horizon
Une autre vers l’humus
Entre les deux le souffle des possibles
Battant l’amble chaque pas
Chaque entracte du cœur
Une poignée de clarté
Lancée contre la mort
Car au sein du vivant
Dans l’entrelacs des ombres et des flammes
L’instant délivre une vérité
L’infime contient l’infini
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