Elisabeth Branly-Tournon
À la question fait-on une belle carrière parce qu’on à la chance d’être le fils de Untel ou passe-t-on sa vie, écrasée par l’ombre du père même si on a du talent ? La réponse n’est pas simple. Elisabeth Branly est de ces enfants de… On lui a reconnu du talent, mais a-t-elle été jugée sur sa propre valeur ?
Elisabeth naît à Verdun le 18 août 1889. Son père est le célèbre physicien Edouard Branly, médecin plus connu pour avoir découvert le principe de la radioconduction et de la télémécanique, qui ont permis la mise au point de la TSF et de la télécommande. Inutile de dire que sa famille est connue et reconnue quand Elisabeth arrive à l’âge adulte. Cependant elle n’a aucun goût pour la médecine ou la physique. Elle, c’est une artiste. Elle dessine pour des magazines. D’abord pour un magazine de mode (la Gazette du Bon Ton). Les personnages féminins qu’elle représente portent des modèles inédits de robe simples, confortables et néanmoins chic. D’ailleurs, un couturier, séduit, lui demandera d’utiliser ses dessins pour sa collection en 1905 (elle n’a que 16 ans).

Elle collabore ensuite à la revue Comoedia, un magazine culturel, et publie des dessins dans son supplément bimensuel illustré de dessins et de photographies consacrés aux spectacles. Même si ses œuvres sont extrêmement modernes, elle ne se reconnaît pas dans les mouvements d’avant-garde et se borne à se définir comme une « une dessinatrice décorative ».
Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’engage comme infirmière tout en continuant à envoyer des dessins qui sont publiés dans l’hebdomadaire satirique « La Baïonnette »
En 1920, elle épouse un brillant architecte, Paul Tournon, mais elle n’abandonne pas pour autant sa carrière. Elle produit des œuvres variées (illustration de presse, affiches, dessins de mode, tapisseries, cartes postales, pièces textiles et sculptures)
En 1925, elle participe au salon des Arts décoratifs où elle présente un décor de chambre d’enfant avec son mobilier. En 1928, elle présente deux toiles au Salon des Humoristes et en 1931, à l’exposition coloniale.
À cette époque, elle travaille de plus en plus avec son mari. Devenue membre des Ateliers d’Art sacré, elle décore en effet plusieurs baptistères dans des églises dont son mari a conçu les plans (notamment à Aubergenville, à Casablanca et à Paris).

Et lorsque son mari construit le nouveau laboratoire d’Edouard Branly, Elisabeth ne résiste pas à l’envie d’y ajouter une fresque humoristique sur laquelle Zeus, impuissant, voit Branly s’emparer de la foudre.
Tout en élevant ses deux filles, elle participe à l’Exposition universelle de 1937.
C’est elle qui met en relation son amie Yvonne de Coubertin avec Paul Tournon pour construire une résidence étudiante qui est ensuite léguée au CROUS.
On la perd ensuite totalement de vue à partir de la Seconde Guerre mondiale. Principalement parce qu’elle se consacre aux vieux jours de son père et à sa famille.

Elle meurt le 15 juin 1972 à Paris et elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.
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