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Jeux de sociétés
Les vertus des jeux de société, vieux comme l’Homme, ne sont plus à démontrer, tant ils nous forment, nous apprennent et exercent sur nous une attraction jamais démentie encore accrue par leur aspect ludique. Comme les jeux ont des vertus pédagogiques, on les utilise énormément pour favoriser les apprentissages et la communication interindividuelle, alors qu’autrefois, il était impensable de pouvoir apprendre « sérieusement » en jouant ! À ce sujet, je pense qu’il reste encore quelques spécimens réfractaires pour lesquels le jeu, tout comme la bande dessinée, n’a rien de sérieux.
Que répondent ces irréductibles ne serait-ce qu’à propos des jeux d’échec, de dame, de go, etc… dont le sérieux n’est plus à démontrer ?
Puis est venu le temps des jeux de rôles auxquels ont succédé ceux où il est davantage question de mobiliser son propre ressenti, son intuition personnelle, au-delà des connaissances et des aptitudes intellectuelles, dans d’autres domaines que celui de la culture. Il faut davantage faire preuve de tout ce qui constitue notre « côté irrationnel », ce qui n’est pas une mince affaire !
Les jeux, inhérents à notre nature profonde, nous construisent, nous alimentent et retracent notre parcours personnel qu’ils jalonnent. Perdre l’amour, le désir, le plaisir du jeu (y compris du jeu de mots !) marque sans doute un changement de l’individu.
Dans toutes les sociétés et de tout temps, les gens ont joué, le jeu étant à la fois une distraction et un apprentissage, un apprentissage de la vie, pourrait-on dire, puisque tout jeu est créé en s’inspirant de vécus propres à son (ses) créateur(s). Ils constituent un moment et un outil de socialisation, d’échanges, de compréhension et d’usage d’une infinité d’aptitudes à exercer, développer pour s’épanouir : être vainqueur, gagner, maîtriser, ruser, connaître.... Si des désirs profonds sont alors parfois satisfaits, si l’on a passé un bon moment, tout cela reste un moment solitaire ou partagé qui trouve son dénouement. Une parenthèse, en quelque sorte. Après quoi, nous retournons à d’autres aspects de notre vie quotidienne.
Certains événements que nous vivons à l’heure actuelle sur la planète nous permettent de voir de quelle manière certains êtres en quête de pouvoir ou l’assumant s’y prennent pour qu’il fonctionne, que ce soit au sommet d’un état ou en une multitude de situations du quotidien (en famille, au travail…), du sommet à la base de l’échelle sociale.
On remarque de plus en plus de comportements déviants, irrespectueux : tricheries, influences malsaines, informations fausses et désinformation, mensonges, intimidations et menaces, atteintes à l’intégrité et au droit de penser, insultes, mépris, fuites en avant, silences, coups bas, brutalités, refus de rendre compte, déresponsabilisation... À la lecture d’une telle panoplie, il n’est donc pas certain que celles et ceux qui sont à un poste de pouvoir, quelles qu’en soient la nature et l’importance, soient passés par la case « jeu de société », puisqu’on peut les classer dans une ou plusieurs rubriques citées plus haut. Façons de penser, pratiques et exemples se multiplient.
S’affirmer et penser devient dangereux, car la pensée unique et la soumission, alors mises en péril ne peuvent assurer une vie tranquille aux dominants, surtout s’ils ont, dans leur poche, le nerf de la guerre, et parfois d’autres ressorts.
L’un des jeux les plus populaires de notre société n’est-il pas la manifestation de cette recherche de pouvoir ?
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