Ellie lagneau20 litteraturejeunesse 22024

Par ELLIE et Patrick LAGNEAU

Hector et l'attaque de la diligence

2024 04 lj

Hector adore les films de cowboys à la télévision, avec des Indiens, des chevaux et des diligences. Mais quand Maman dit d’aller au lit, alors il va lire. Et ça aussi, lire au lit, il adore ! Surtout l’hiver quand il fait froid et que Maman lui fait une bouillotte pour qu’il ait les pieds au chaud. Et bien sûr, il aime lire des bandes dessinées avec des cowboys. Celui qu’il préfère s’appelle Lucky Luke. Et là, dans son lit avec la bouillotte aux pieds, dans la belle histoire qu’Hector vient de commencer, Lucky Luke est assis dans une diligence à côté d’une jolie femme dont il est tombé amoureux. Mais Lucky Luke est comme Hector, il est un peu timide avec les femmes. Et ce soir-là, comme il a beaucoup d’imagination, Hector se voit dans la diligence, un chapeau de cowboy sur la tête, assis en face de... Louisa Stoller, la fille aux cheveux bruns et bouclés dont il est amoureux !

***

— J’aime beaucoup le silence du désert, les cactus, dit Hector en regardant par la fenêtre de la diligence. Et vous ?
— Oui, c’est vrai, Monsieur Hector, mais on entend quand même le bruit des sabots des chevaux sur la piste et le craquement des roues et du bois de la diligence...
— Oui, c’est sûr. Mais n’est-ce pas ce qui fait le charme de notre belle Amérique, Madame Louisa ? Le désert, les cactus, les chevaux, la diligence ?
— Oui, vous avez raison, Monsieur Hector, mais j’aimerais bien que nous soyons déjà arrivés quand même...
— Ah bon, s’étonne Hector en haussant les sourcils, et pourquoi ?
— J’ai entendu dire que des bandits attaquent parfois les diligences, surtout quand elles traversent le désert...
— Allons, ne craignez rien, Madame Louisa, je suis là...
— Je sais, vous être trop gentil avec moi, Monsieur Hector, dit-elle en posant une main sur sa cuisse, mais qu’elle retire aussitôt, gênée de son geste osé.

Hector a rougi, confus et à la fois tellement heureux que Louisa l’ait touché. Oh, ça n’a pas duré longtemps. Mais sentir la main de celle qu’il aime en secret, posée sur sa cuisse une seconde... Ah, là, là, il rêvait tellement d’un contact avec elle ! Il lui jette un regard rapide et se rend compte qu’elle aussi est troublée. C’est peut-être le bon moment pour lui avouer qu’il l’aime...
Juste à cet instant, la diligence se met à accélérer sous les « Ya, ya, ya ! » du conducteur. Hector passe la tête par la fenêtre et lui crie :

— Qu’est-ce qui se passe ?

Le conducteur n’a même pas le temps de répondre que des coups de feu retentissent au loin. Hector se retourne et aperçoit deux cavaliers qui galopent derrière eux dans leur direction.

— Mon Dieu, que se passe-t-il ? demande Louisa, affolée.
— N’ayez pas peur ! Je suis là.
— Ce sont des bandits ?
— Oui, j’en ai bien l’impression, mais encore une fois, ne craignez rien ! Le premier qui vous touche aura affaire à moi...

Et soudain, Hector et Louisa voient passer les deux cowboys au galop de chaque côté de la diligence. Ensuite tout va très vite. L’un des deux, tout en galopant, se rapproche de la diligence, attrape un montant, saute de son cheval et se retrouve près du conducteur qu’il braque de son revolver.

— Arrête la diligence où je te descends !

Le conducteur obéit, peu rassuré, en tirant sur les rênes et en criant un « Ooooooh !... Oh, là !... Ooooooh ! »
La diligence ralentit, puis s’arrête en plein milieu de la piste.
Louisa a peur. Hector la rassure en lui montrant son pistolet dans l’étui accroché à sa ceinture. Soudain, la porte s’ouvre et le second cowboy les braque avant qu’Hector ait eu le temps de dégainer son arme.

— Donne-moi ta ceinture, toi, allez hop ! Et pas d’entourloupes !

Hector s’exécute et la tend au bandit qui s’en empare et la jette au loin dans le sable.

— Et maintenant, les mains en l’air !...

Hector a un peu honte et à contrecœur, lève les bras sans oser regarder Louisa.

— Allez, maintenant descendez !

Louisa se lève, blanche de peur. Alors qu’Hector lui donne la main pour l’aider à descendre les marches, il croise son regard et lui adresse un léger clin d’œil. Non pas pour lui dire qu’il l’aime, ce n’est pas vraiment le moment, mais juste pour lui faire comprendre de ne pas s’inquiéter. Car Hector est un malin. C’est vrai, il a donné son pistolet au bandit, mais il sait qu’il a encore un poignard attaché à son mollet sous son pantalon.
Les voilà maintenant descendus, les pieds dans le sable dont ils sentent la chaleur à travers leurs chaussures ou leurs bottes.

— Roy ! À toi de jouer...

L’autre bandit qui était près du conducteur saute de la diligence et ôte son chapeau qu’il retourne entre ses mains.

— Maintenant Madame, Monsieur, vous allez pouvoir déposer votre argent et vos bijoux...

Le bandit s’avance vers Louisa et lui présente son chapeau, dans lequel elle lâche quelques dollars qu’elle a sortis de son sac à main.

— Le collier aussi, Madame !...

Louisa s’exécute, décroche son collier de perles qu’elle a autour du cou et le dépose dans le chapeau.

— Vos boucles d’oreilles et vos bagues, s’il vous plaît...
— Oh non, pas mes boucles d’oreilles, elles m’ont été offertes par mon père...
— Il vous en rachètera d’autres, va...
— Alors ça, ça m’étonnerait. Il est mort !
— Eh bien, vous demanderez à votre amoureux ! lance-t-il en se tournant vers Hector qui ne sait plus où se mettre.

En même temps, Hector se demande comment il va pouvoir s’emparer de son poignard accroché à son mollet.
Après que Louisa a déposé ses bagues dans le chapeau, le bandit montre le butin à son collègue.

— Tu as vu ça ! Un saphir, des perles et même un rubis ! Allez toi, donne-nous aussi ce que tu as...
— Moi, mais je n’ai rien. Cinq dollars sur moi, c’est tout...
— Donne-les ! Et la chevalière à ton doigt, c’est quoi ? De la ferraille ? ajoute-t-il d’un rire bien gras.

Hector sait qu’il n’a pas vraiment le choix. Il fait glisser sa chevalière et au moment de la donner au bandit, elle lui échappe et tombe. Il fait semblant de la rattraper, mais volontairement, il l’enfonce dans le sable avec son pied.

— Oh, zut ! Elle a glissé... L’or, c’est tellement lisse...
— Eh bien, allez, ramasse-là !

Hector se baisse et fait semblant de la rechercher dans le sable. En réalité, tout cela était prémédité. Il savait qu’en laissant tomber la chevalière dans le sable, le bandit ne viendrait pas la ramasser lui-même. Et lui, là, maintenant, courbé, la main droite fouinant dans le sable, le plus discrètement possible, il remonte lentement la gauche le long de sa botte... sous son pantalon... lentement... lentement... puis sent le poignard contre son mollet... Avec deux doigts, il le détache, et sent le manche du poignard dans la paume de sa main... ses doigts se referment dessus... voilà, ça y est... il est prêt... il va pouvoir montrer à Louisa tout son courage... la défendre... et même la sauver...
Alors, imperceptiblement, il fait glisser le poignard le long de sa botte en le tenant bien fermement... et c’est à cet instant que, comme par miracle, sa main droite trouve la chevalière dans le sable...

— Ah, voilà, je l’ai trouvée...
— Parfait ! dit le bandit. Viens la mettre dans le chapeau.

Pendant qu’Hector se redresse lentement, il s’aperçoit que le chapeau tendu vers lui masque sa main...
Ses doigts sont bien crispés sur le manche du poignard...
Il va pouvoir le lui planter dans le ventre...
Il se redresse encore un peu...
Encore un peu...
Là, c’est le moment...
Hector, sûr de son coup, tend tous ses muscles et se redresse soudain en enfonçant son poignard dans...

***

... la bouillotte dont l’eau commence à couler entre ses cuisses.
Complètement hébété, en quelques secondes il réalise qu’il n’est pas dans le désert... Que Louisa n’est pas là... Ni les bandits d’ailleurs... Qu’il est vraiment seul... Seul dans sa chambre... Même les pages de la bande dessinée de Lucky Luke sont trempées...
Affolé, il appelle Maman. Constatant le désastre, elle croit Hector quand il lui dit que s’il est mouillé, c’est parce que la bouillotte… fuit.

Par contre, plus tard, Papa très observateur n’est pas dupe et comprend immédiatement que la bouillotte en caoutchouc a été percée d’un coup… de coupe-papier ! 

2024 04 lj2

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