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Par Daniel DUBOURG

Culture et consommation

   À une époque où, selon les latitudes, « le degré de développement d’une collectivité » est établi en fonction de ses structures, de sa richesse, de son PIB et des biens de consommation produits, on peut se demander si une consommation de masse est compatible avec ce qui est du domaine culturel, au moins si une cohabitation est possible. Quelle culture est accessible au plus grand nombre ? Comment chacune, chacun se positionne-t-il par rapport à celle-ci ? Comment chacune, chacun de nous conçoit-il le fait de se cultiver ?
    Ce qui revient à redéfinir consommation et culture. Ce qui revient aussi à se demander si la culture, une fois définie, est ou non un bien de consommation.

    Cultiver et se cultiver : il n’échappe à personne qu’il existe un parallèle entre production agricole et production de notre jardin intérieur, celui qui concerne la fructification de notre terrain propre, pour que nous puissions nous nourrir cette fois d’aliments.

     Il n’échappe à personne que la culture individuelle rejoint le concept de création, à l’image de la nature qui crée, prolonge et nourrit des espèces s’insérant dans l’ensemble du vivant.

   Quand nous parlons d’agriculture intensive, nous faisons référence à une production de masse sacrifiant la qualité à la quantité. On reste dans le cadre de la nourriture terrestre, « physique », dirons-nous, laquelle pourrait influer sur les autres nourritures qui nous sont nécessaires, voire indispensables. Je parle des nourritures spirituelles, culturelles et de tout ce qui peut enrichir notre jardin intérieur, dans le cadre d’une évolution personnelle.

    La culture de masse ne fait qu’effleurer. Entendons par là celle qui papillonne, collectionne à tout crin, accumule sans se poser.

     La véritable culture, celle qui consiste à cultiver son jardin et son moi intérieur, à observer, écouter, ressentir, toucher, comprendre, aller en profondeur en toute chose, prend le temps. Là, il n’y a pas d’effleurement, car sous l’apparence superficielle se trouve l’essentiel, à découvrir, témoignant et expliquant, donnant envie d’en savoir plus, de comprendre le pourquoi de l’existence de chaque phénomène, de chaque œuvre humaine.

     Pour se cultiver, l’attitude touristique semble la moins favorable ; celle qui dit « j’ai fait ceci, cela, et encore ceci… », alignant comme un cumul de trophées. Plus simplement, quel intérêt y a-t-il à accrocher à son palmarès une kyrielle de visites, à photographier à tout bout de champ les plus célèbres tableaux du Louvre, le Mont-Saint-Michel et les pyramides d’Égypte, si c’est pour ne pas les revoir, les oublier, ne pas s’arrêter un instant sur eux afin d’en tirer une réflexion, une impression, un ressenti personnels, de s’arrêter sur ce que l’on trouve beau, émouvant, précieux.

     Il ne s’agit pas d’intellectualiser, bien au contraire. Juste de s’ouvrir pour recevoir, revenir en soi-même et pénétrer au cœur des choses. S’imprégner, rencontrer et comprendre toutes sortes de créations émanant d’autrui, tenter de saisir le sens donné aux œuvres, comment elles s’inscrivent dans l’histoire, dans une histoire, dans une civilisation, dans un courant, le tout nous livrant une explication. Résolument découvrir ce qui nous est commun et étranger, même dans les modes d’expression auxquels nous ne sommes pas habitués.

     À ce rythme et sous cette condition, comment la tolérance ne peut-elle pas nous gagner, puisque cette démarche basée sur la compréhension et le désir de savoir, de découvrir, conduit à remarquer ce qui est commun, ce qui montre l’Homme sous toutes ses facettes créatrices.

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