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Par Édith PROT

Prot edith 3
 

Jean Nicolas DÉSANDROUINS

Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains créèrent d’importantes installations militaires pour y stationner leurs troupes. De nombreuses villes se souviennent encore de l’époque où les GI’s arpentaient leurs rues. Verdun ne fit pas exception à la règle et nombreux sont encore les vestiges de cette « occupation » par nos alliés d’outre-Atlantique. L’hôpital Désandrouins, par exemple, était à sa création un hôpital militaire américain dont une aile était dévolue à l’enseignement, et qui était bordé par un terrain de golf pour les militaires les plus sportifs. Mais pourquoi les Américains avaient-ils choisi le nom de Jean Nicolas Désandrouins pour baptiser leur hôpital ?

Jean Nicolas naît à Verdun en 1729. Sa famille appartient à l’ancienne noblesse du Verdunois et son origine remonte au Moyen-âge (le nom s'orthographiait « Des Androuïns » avant de s’écrire en un seul mot). Au moment de sa naissance, son père, seigneur de Dombasle, est conseiller du roi au Parlement de Metz.

Le jeune Jean Nicolas fait ses études au collège des Jésuites de Verdun, puis, à 17 ans, il commence une carrière militaire comme lieutenant. Envoyé en Provence, il combat sous les ordres de Montcalm pendant la Guerre de la Succession d'Autriche. Encouragé par son colonel, il reprend ses études pour entrer dans le corps des ingénieurs militaires. Une fois diplômé, après une brève affectation à Dunkerque, il demande à partir pour le Canada.

Il obtient son affectation avec le grade de capitaine en second et fait le voyage en compagnie de l’aide de camp de Montcalm. Dès son arrivée, ce dernier le met au travail. La priorité du moment, c’est améliorer la défense des forts, alors il dessine les plans de tranchées, construit des voies d’approche pour l’artillerie, le tout avec une grande rapidité et souvent sous le feu de l’ennemi.

Sa contribution aux victoires de Montcalm en 1757 et 1758  est indéniable et lui vaut d’être décoré de la croix de Saint-Louis. Il note dans des carnets de nombreuses réflexions sur ce qui se passe dans cette colonie où « les habitants meurent de faim pendant que les fonctionnaires royaux vivent comme des princes ». Sa sévérité envers le gouverneur Vaudreuil, en particulier, qui ne cesse de s’opposer aux décisions de Montcalm et tarde à lui envoyer des troupes, ne lui vaudra pas que des amitiés.

Après la mort de Montcalm et la reddition de Vaudreuil, Jean Nicolas regagne la France et se retire à Verdun pendant 5 ans. Puis il est affecté dans plusieurs régions où il construit les divers établissements qui lui sont demandés : un hôpital à Bourbonne-les-Bains, un pont à Sarrelouis, un canal entre la Lys et l’Aa… En 1780, il vient d’obtenir le grade de colonel lorsqu’il est rattaché à l’armée de Rochambeau qui part aider les insurgés américains. Il fortifie Newport puis supervise le début des travaux pendant le siège de Yorktown avant de tomber malade. Il continue à servir dans l’armée de Rochambeau jusqu’en 1782 où il reprend le bateau pour la France. Son bateau fait malheureusement naufrage et Jean Nicolas échappe de peu à la mort. Parti fin décembre, il n’arrive qu’en juin 1783 à Brest où il apprend sa nomination au grade de brigadier des armées du roi. Après un repos bien mérité à Verdun, il repart pour Brest où il prend ses fonctions de directeur des fortifications. Il parvient en 1788 au grade de maréchal de camp jusqu’à ce que le gouvernement révolutionnaire l’oblige à prendre sa retraite en 1791, peu avant son décès à Paris, en 1792.

Tout ceci est bien beau me direz-vous, mais ne nous dit pas pourquoi les Américains ont choisi son nom pour leur hôpital… j’y arrive ! Les Américains n’ont pas seulement honoré La Fayette, venu à leur aide pendant la Guerre d’Indépendance. Ils ont créé, peu après la mise en place des États-Unis, la Society of the Cincinnati, une organisation militaire et patriotique où figurent à titre de membres, les hommes qui se sont le plus distingués pendant cette période. Le nom de Désandrouins y figure en bonne place, ainsi que sa qualité d’ingénieur militaire, ce qui n’a sans doute pas échappé à l’époque aux engineers basés à Verdun qui eurent la charge de construire cet hôpital.

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