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Un film, un spectacle, une exposition, un musée, une curiosité...

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Serge BEYER a vu pour vous...

 Trois spectacles à Bar le Duc

J’ai récemment assisté à plusieurs spectacles barisiens, très différents et tous assez exceptionnels. Peut-être que certains des lecteurs les ont applaudis.
Je ne trouvais pas d’intérêt à partager ici ce que j’avais pu voir et entendre, persuadé que la plupart d’entre vous n’auraient sans doute plus l’opportunité de les croiser à nouveau.
Mais, face au vide de cette rubrique du Porte-Plume de mai, Patrick Lagneau, Maître es Web, m’a persuadé lors d’un échange récent que ce pourrait être une occasion de mettre à l’honneur certains acteurs culturels de la cité, de vous inciter à regarder de plus près leurs programmations et d’oser…

Avec la complicité et l’autorisation d’un photographe de PLUME, Laurent Nembrini pour les clichés joints (c’est le pseudo qu’emploie Lolo dans la vie quotidienne pour passer incognito !), je vais donc vous proposer les commentaires que j’avais eu le plaisir d’écrire.

AcbAcb Scène Nationale 

Dakh Daughters
Freak Cabaret

Je suis ressorti de ce concert avec un gout de cendres dans la bouche, mais les yeux encore éblouis d’une lumière mouillée de larmes, de drames, des reflets du Dniepr… le cœur envahi par les vibrations des voix aux accents ancestraux des chants cosaques. Les fleurs des traditionnelles couronnes de fleurs ont été déchiquetées par les bombes, d’autres mots s’affichent, tachés de sang, en attendant que reviennent ceux des légendes que le vent des Carpates murmure, mais l’énergie de ces sublimes punks nous a persuadé que la musique et la liberté triompheront…et qu’on peut presque s’en foutre car :
L’Amour aura raison de tout !

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Quand j’étais ado, j’avais écrit sur une page d’un cahier de collégien.
Liberté
Le soir fixe ton nom
Sur l'horizon
Rouge éternellement du sang
Qu'il faut verser
Pour pouvoir
T'embrasser.

Hier soir, quand je n’étais plus tout á fait ado, j’avais réécrit les mêmes mots, en bleu et jaune. Coeur bleu Coeur jaune

Si cet éblouissant et émouvant spectacle est programmé près de chez vous, ou même plus loin, ne le ratez surtout pas !

 

AcbAcb Scène Nationale 

Rimbaud mère et fils

 

J’ai lu récemment le – Rimbaud – « Je ne suis pas venu ici pour être heureux » – Correspondance choisie et présentée par J.L.Steinmetz, imaginant dans ces échanges à la fois le  merveilleux voyou, ou plutôt  le trafiquant « encrapulé »…et la Mère Rimb.
Parmi les lettres éparpillées sur la scène comme autant de tranches de vie tournées, j’ai eu ce soir l’impression de l’avoir rencontrée, la « mother » Dans les plis de sa robe stricte et figée, comme elle, et sous  ses doigts courant le long des grains d’un chapelet, j’ai sans doute appréhendé un peu plus une des réponses à l’énigme : Pourquoi Rimbaud ?
On comprend mieux encore son besoin de FUIR vers d’autres soleils… Cet étouffant carcan de bigoterie suinte d’ailleurs dans un autre courrier d’d’Isabelle à sa Méré, quelques jours avant le décès  du poète.

« Mais l’aumônier n’a pas pu lui donner la communion D’abord il a craint de l’impressionner trop. Puis, Arthur crachant beaucoup en ce moment et ne pouvant rien souffrir dans sa bouche : on a eu peur d’une profanation involontaire »

Et la main du violoncelliste m’a rappelé …

« Car JE est un autre. Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. Cela m'est évident : j'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute : je lance un coup d'archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d'un bond sur la scène….

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Après la lecture d’une des dernières lettres, la magistrale interprétation des mots de Pierre Michon « illumine » le coté intimiste du spectacle et lui offre une autre dimension, plus littéraire, plus rimbaldienne, nous permettant d’oublier que le Voyant avait aussi écrit…
« C’est perdre de son argent que de perdre son temps »

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Un peu de Bois et d’Argent

 

Vous n’êtes pas obligés de me croire, puisque nous étions le 1er avril, mais  du côté du château des Ducs de Bar, j’ai sans doute dû rêver…
J’ai d’abord entendu le vent recourir à sa magie pour mêler des pleurs, des voix, des prières et les disperser en offrande à des cascades bondissant sur les cordes d’une guitare…
Puis par-dessus le chemin qui grimpe, grimpe… le souffle bleu de la montagne a ruisselé  jusqu’à la vallée. J’ai cru entendre, non, j’ai bel et bien perçu le rire de Petite Croix, fillette au regard mort, après qu’elle ait posé sa question au vieux Bathi à propos du ciel.

– Qu’est-ce que le bleu ?

J’ai marché les yeux clos sous des myriades de poussières d’astres échevelées  poudroyant  ma tête

« Infusé d’astres et lactescent » avait écrit Rimbaud.

Une femme-oiseau est venue se poser, déchaussant ses  talons-aiguilles pour, pieds nus, mieux chalouper une sensuelle bossanova,  un peu comme «The girl from Ipanema »

J’ai trainé les pieds  sur des routes poussiéreuses, entre déchirures et espoirs, côtoyant ceux qui fuient loin…loin, trop loin pour un jour arriver.

Une chétive Môme en  noir est venue réinventer sa valse et entrainer la Foule dans une ville plus que jamais  « en fête et en délire »

J’ai parfois entendu les crépitements des braises du feu originel mêlés aux lointaines et mystiques incantations d’un chamane. 

Je crois même avoir traversé  une forêt formée d’étranges vibrations, envahie d’énigmatiques  cris d’oiseaux électroniques.

Et de là-haut, comme traversant une étrange canopée, les faisceaux lumineux de projecteurs jouaient sur une guitare et une flute, les caressant  pour les séduire et éclabousser le  ciel de la chapelle d’étoiles éphémères  nées des reflets sur le bois et l’argent des instruments.

En fait, ce soir, j’ai assisté au magnifique concert donné par Raoul et Nicolas, et soyez en certain, je n’ai pas rêvé.

Juste voyagé !

Et, mais ne le répétez pas, côtés  cour et jardin, dans l’ombre, j’ai  aperçu  les deux Carlos, Núñez et Santana qui, discrètement se saluaient et échangeaient parfois un signe complice de la main, poing fermé, pouce levé…

J’ai toutefois un regret. Dans la nuit glaciale, je n’ai pas trouvé réponse à la question de Pablo Neruda.

– ¿ Por qué se suicidan las hojas cuando se sienten amarillas ? *

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Eux, c’est certain, vous aurez l’occasion de les revoir et les entendre à nouveau dans des salles proches de chez vous.
Un duo à ne pas manquer pour éviter tous risques de remords. Et en attendant de les retrouver en live, vous pouvez découvrir leur premier EP  (extended play) désormais disponible. 

Renseignements au 06 44 70 48 84  ou sur https://www.facebook.com/Un-peu-de-Bois-dArgent-102181778975230

Voilà ! J’espère simplement vous avoir convaincus au moins le temps de cette lecture, voire davantage, qu’il se passe bien des trucs de haut vol sur les tréteaux barisiens, pour qui aime le Pestacle vivant et veut défendre la Culture !

*Pourquoi, se sentant jaunissantes, les feuilles se suicident-elles ?
Extrait du Livre des questions de Pablo Neruda, cité par Raoul Binot

 

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