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Un film, un spectacle, une exposition, un musée, une curiosité...

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Nicole DURAND a vu pour vous...

Un espion ordinaire (2020)
Film coproduit et réalisé par Dominic Cooke 
avec 

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Benedict Cumberbatch
(Greville
Wynne)
Merab
Ninidze
(Oleg
Penlovsky)
Jessie
Buckley
(épouse de Greville)
Rachel Brosnahan
(Agent de la CIA)
 
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Nous sommes au siècle dernier, au cœur de la guerre froide, au début des années 60… Effrayé par l’animosité belliqueuse de Kroutchev envers les USA et craignant qu’il ne fasse usage de l’arme nucléaire, Oleg Penkovsky, colonel du service de renseignement militaire de l'armée soviétique, contacte secrètement l’ambassade américaine, pour annoncer son intention de livrer des renseignements au bloc de l’Ouest.
Afin de tromper la vigilance du KGB, des agents du MI6 et de la CIA ont alors l'idée d'utiliser comme intermédiaire un civil, à priori insoupçon-nable, effectuant des voyages  réguliers à l’Est. 

Leur choix s’arrête sur un représentant de commerce anglais, Greville Wynne.
Ce dernier, après bien des réticences, finit cependant par accepter de se rendre en URSS sous couvert d'un voyage d'affaire, et d'entrer en contact avec Oleg Penkovsky, officiellement, dans un cadre exclusivement professionnel. Le colonel lui remet alors subepticement les photographies de documents secret-défense, que le représentant emmène ensuite à Londres dans sa mallette, comme de simples contrats commerciaux

Entre le modeste homme d’affaires britannique et le haut fonctionnaire soviétique, la sympathie réciproque est immédiate … Deux hommes, pas aussi différents qu’il n’y paraît à première vue : avant tout, deux bons vivants et bons pères de famille... À tel point qu'après leur première rencontre, Penkovski, conquis, souhaite faire de Greville Wynne son intermédiaire permanent. Peu enthousiaste à l'idée des risques encourus, le représentant se laisse finalement convaincre de ramener régulièrement d'URSS les documents fournis par l'espion.
C'est ainsi que, soucieux d’éviter un affrontement nucléaire, Penkovski communique au bloc de l’Ouest des renseignements stratégiques de la plus haute importance, qui vont désamorcer la crise des missiles de Cuba.
Entre temps, au fur et à mesure des rencontres entre les deux complices, leurs relations ont insensiblement évolué vers une sincère et profonde amitié, qui va entraîner le paisible citoyen anglais dans une aventure des plus périlleuses… Car les services secrets soviétiques, finissant par soupçonner qu'une 
« taupe » se cache parmi eux, deviennent extrêmement méfiants...


Remarque importante

Ce film, auquel les récents évènements conférent une soudaine acuité, relate des faits authentiques (même si probablement plus ou moins romancés), et met en scène des personnages réels, d’ailleurs représentés sous leur véritable identité (sauf, je présume, en ce qui concerne les agents du MI6 et de la CIA).  

L’interprétation

Acteur-caméléon aux multiples facettes, Benedict Cumberbatch (Sherlock Holmes dans la série de la BBC), en particulier, se montre extrêmement convainquant dans le rôle d’un citoyen ordinaire, tiraillé entre le souci de sa propre sécurité et la conscience de devoir écarter la menace d’un conflit nucléaire, puis, face à l’incompréhension de son épouse (qui le soupçonne d’adultère), entre la survie de son couple et son devoir de loyauté envers son ami.
Les dernières images du film, présentant brièvement le véritable Greville Whynne, permettent d’ailleurs de constater à quel point, par une sorte de mimétisme, l’acteur a su reproduire assez fidèlement les expressions du personnage qu’il incarne à l’écran.

Mon ressenti

Bien sûr, la trame du film ne consiste pas, comme pour « La taupe », dans la traque oppressante d’un traître, puisqu’en l’occurrence, ce sont les espions qui apparaissent sous un jour favorable et œuvrent pour le bien, et peut-être la survie-même, de l’humanité. Il n’y a pas non plus de réel suspense quant aux enjeux politiques, puisque, d’emblée, nous savons déjà que la menace de conflit nucléaire ayant plané un moment à cette époque aura, pour cette fois, été écartée.
Mais c’est précisément le danger encouru et les vicissitudes endurées par ces espions attachants qui tiennent le spectateur en haleine. De plus, les événements actuels confèrent, à cet épisode de la guerre froide, un relief probablement inattendu au moment de la sortie en salle du film, en 2020.
Cependant, à mes yeux, le principal intérêt de ce film ne réside pas tant dans la reconstitution historique de faits réels, que dans cette histoire d’amitié improbable, où la fidélité et la loyauté l’emportent sur les intérêts personnels et des considérations d’élémentaire prudence, prouvant, s’il en était besoin, que l’amitié, sentiment universel, se joue des obstacles tels que les frontières ou les barrières sociales, et transcende l’individu.

Au début du film, Greville Wynne, 
simple agent commercial, apparaît comme une sorte d’antihéros, un « monsieur-tout-le-monde », certes intelligent et sympathique, mais plein d’un bon sens plutôt individualiste, et un épicurien peu soucieux de prendre des risques et compromettre sa liberté. C’est, tout d’abord, dépassé par les évènements et manipulé par les émissaires de la CIA, que, cédant à la pression, il devient un espion, bien malgré lui.

Mais par la suite, face au péril encouru par celui qui est devenu son ami, il apparaît soudain comme un être fort, courageux et volontaire, qui choisit délibérément de se mettre lui-même en grand danger, et tient tête aux agents des services secrets. Ainsi, ces derniers, malgré leurs réticences, se laissent convaincre de le renvoyer en URSS pour tenter d’exfiltrer Oleg Penkovsky et sa famille, et leur faire franchir le rideau de fer, parce que, dit-il, « Lui, ne m’aurait pas abandonné ».

Quelle alchimie crée ainsi, entre deux êtres, des liens plus forts que la raison, la prudence et la peur ? Montaigne, évoquant sa propre amitié avec La Boétie, n’avait pas su formuler de meilleure réponse que cette célèbre petite phrase : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. »

Citations, parmi les dialogues du film

« Peut-être que nous ne sommes que deux, mais c’est comme ça qu’on change les choses. » 

« J’avais espéré rendre le monde un peu plus sûr, mais je n’ai pas réussi »

Quelques critiques

Première : « Benedict Cumberbatch incarne avec toute la fragilité et l’aplomb nécessaires un VRP british envoyé au front soutirer des infos à une taupe (Merba Ninidze, déjà repéré dans Le Pont des espions) pour déjouer une guerre nucléaire. »

Le Parisien : « Une belle histoire humaine, qui plaira aux amateurs de films d’espionnage à l’ancienne, cet opus se révélant largement au niveau de par exemple « Le Pont des espions », de Steven Spielberg (2015). »

Télé Loisirs : « Solidement interprété, ce film d'espionnage, ultra-classique et un peu linéaire dans sa première heure, se double ensuite d'une belle histoire d'amitié entre deux hommes issus d'univers très différents. »

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