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Par Daniel DUBOURG

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La belle santé de la littérature jeunesse

Elles sont loin, ces années où la bande dessinée et la littérature jeunesse n’avaient pas droit de cité. Toutes deux avaient mauvaise presse en raison d’un bon nombre de préjugés qui les tenaient pour littérature à ne pas conseiller. En résumé, c’était du vite fait et du mal fait, sans grand talent d’écriture. En outre, lire avec le support d’images et de dessins n’était pas lire. Le conservatisme y était pour beaucoup, définissant ce qui est littérature noble et ce qui ne l’est pas.

Désormais les choses ont bien changé et si, initialement, certaines productions pouvaient proposer des contenus insuffisamment élaborés et travaillés, tant sur le plan de l’écrit que sur celui du graphisme, aujourd’hui, après plusieurs décennies d’existence et d’efforts pour la reconnaissance et le droit de cité, force est de reconnaître que la littérature jeunesse, florissante et prisée de nombreux connaisseurs, est installée de façon stable sur les rayons des librairies. Du reste, elle tient maintenant salon, égale de la littérature romanesque, policière, historique… Les talents sont multiples, tant sur le plan de l’écriture que sur celui de l’illustration, tout comme les sources d’inspiration irriguant les ouvrages dont les formes et la variété témoignent de leur richesse. La présence d’auteur(e)s jeunesse dans notre association est le témoignage et la démonstration de cette réussite.

Mais en quoi la littérature jeunesse diffère-t-elle de « l’autre », direz-vous ? Si on la nomme ainsi, c’est sans doute parce qu’elle s’adresse en priorité à un public ciblé, celui des jeunes enfants courant jusqu’à l’adolescence.
Les romans bien connus d’auteurs reconnus, ont été lus et parcourus par des légions d’adultes dont nous sommes. Dans cette pléiade figurent R. L. Stevenson, Jules Verne, Victor Hugo, Hector Malo, Charles Dickens, la Comtesse de Ségur… une liste somme toute assez longue. Dans certains ouvrages on a pu trouver des illustrations, tout comme dans ceux qui ont regroupé bon nombre de contes illustrés par exemple par Gustave Doré. Reconnaissons qu’il a toujours été fort agréable de visiter ces ouvrages garantissant de belles évasions.

Mais si la littérature jeunesse a su faire son trou, c’est parce que des auteurs ont eu le désir de rendre plus accessibles certaines œuvres classiques en les adaptant à un jeune public et ont pensé que cela constituait une sorte de tremplin pour accéder à la lecture d’œuvres reconnues balisant le cursus de tout lecteur en devenir.
En s’appuyant sur la rêverie et l’imaginaire que l’enfant, avec sa spontanéité, sait mobiliser, les auteur(e)s, les illustratrices et illustrateurs ont exploré les domaines que parcourt l’imagination enfantine, pour les mettre en mots et en images. Ainsi, les jeunes lecteurs se retrouvent-ils sur leur terrain de prédilection, et quand ils font une incursion dans le domaine de la vie quotidienne et de celle des adultes, c’est toujours par le filtre de leur propre interprétation, ce qui donne des visions très particulières, souvent cocasses et insolites, proches à certains moments de situations fantastiques. Bien entendu, pour ce faire, il est nécessaire de prendre connaissance de l’univers de la jeunesse courant, ne l’oublions pas, de la prime enfance jusqu’au bout de l’adolescence, ce qui implique la nécessité de mettre en ouvrage des sujets et des thèmes d’une grande diversité correspondant à l’évolution permanente de nos jeunes pousses.

Tout cela constitue ce qui différencie essentiellement la littérature jeunesse des autres genres. En effet, les œuvres qui présentent et mettent en scène des enfants et leur histoire, dans les ouvrages de nos auteurs classiques, pour riches qu’elles soient, relatent des événements et des épisodes vécus, mais n’explorent ni ne racontent et n’illustrent ce qui constitue l’univers de la jeunesse jusqu’aux portes de l’âge adulte.

Il n’est pas rare qu’en librairie ou dans un salon du livre, une grande personne choisisse un « livre pour enfants », comme on dit. Il n’est pas rare non plus, lors d’une dédicace, de voir ce même adulte vous donner son propre prénom, alors que vous lui avez demandé d’emblée le prénom de l’enfant auquel sera offert l’ouvrage. « L’enfant, c’est moi, vous dira-t-elle ». Et, une fois votre étonnement passé, il vous reviendra à l’esprit que cette lectrice, ce lecteur sont restés des enfants au fond d’eux-mêmes.

Ce ne sont pas les auteurs de notre association qui me contrediront, encore moins celles et ceux qui commettent dans la littérature jeunesse, sous quelque forme que ce soit.

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