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Par Daniel DUBOURG

Dubourg daniel 6

L'ère des bouffons
(ou le monde à l'envers)

Le bouffon est un personnage chargé de divertir un prince par ses plaisanteries. Il est aussi une personne sans intérêt, niaise et ridicule. Il sait exciter le gros rire par son comportement grotesque et un peu fou.
Une forme d’humour amer pourrait conduire à qualifier de bouffons un certain nombre de personnages tristement hauts en couleur qui sévissent à la tête d’un État. Aujourd’hui ces derniers sont des princes qui se chargent de divertir le peuple par bien autre chose que des plaisanteries, car leurs exactions ne font rire personne. Il importe aussi de ne pas perdre de vue que ce genre d’individu tend à proliférer par les temps qui courent, parfois à quelques encablures de chez nous.
Ici, on dévaste des forêts pour des superprofits, en en piétinant ses habitants. Là, on robotise tout un peuple et on exige de lui la vénération en lui enseignant la pensée unique. Un peu plus loin, sous prétexte d’être obligé de respecter une consigne religieuse (et de quel droit ?), on interdit à la femme d’être libre de ses pensées, de ses actes et de son corps. Là-bas, on écrase une nation sous prétexte, par délire personnel, de rebâtir le grand pays d’autrefois. La liste est longue.

Point commun : partout, le pouvoir repose sur un individu qui prétend être capable d’apporter bonheur et bien-être à ses ouailles, toute autre conception contraire à ses idées étant forcément néfaste, inconcevable, donc à bannir et combattre par tous les moyens.

On peut s’en tenir au simple constat et se dire que c’est ainsi que va la vie, que rien ne pourra jamais changer puisqu’il en a toujours été ainsi depuis que le monde est monde.

Cependant, avec un minimum d’esprit critique et d’analyse, il est possible de voir les choses différemment, non pas pour pouvoir seul(e) modifier la donne, mais à seule fin que notre réflexion nous aide à reconsidérer nos comportements et nos conceptions pour que de telles situations totalitaires ne se produisent plus. Il faut alors accepter qu’il puisse y avoir un lien (mais lequel ?) entre nous et de tels personnages.
Les tyrans et despotes de tous poils ne sont pas là par hasard. Et s’ils ont pris le pouvoir, c’est sans doute parce que la situation s’y prêtait. Elle leur était favorable parce qu’elle constituait un terreau où pouvait s’épanouir le totalitarisme, terreau dont les composants sont sans doute le maintien dans l’ignorance et l’absence d’éducation et de culture, sources de réflexion et d’échanges. Il faut ajouter à cela des contextes économiques menant à la précarité, la pauvreté et le dénuement tant matériel que moral, lesdits contextes étant sans doute engendrés par l’exploitation humaine dans le but d’avoir toujours plus, ce qui est un désir parfois irréfréné de l’homme-consommateur.
Face à ces quelques réflexions, nous pourrons aussi nous interroger sur nos propres conceptions. Celles qui animent les dictateurs de tous poils, avérés ou en puissance, sommeillant encore dans le cocon, pourraient-elles nous habiter ? Que faire pour les identifier, pour écarter tout risque que nos pensées aient un ferment totalitaire ? Si le nombre de chefs d’État se disant exclusivement porteurs de la bonne parole fleurit, ce n’est pas forcément par hasard. Là est peut-être la question.

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