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Par Jean-Luc QUÉMARD

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La petite histoire de l’adjudant général Radet,
le premier observateur aérien meusien.

C’est un officier meusien, l’adjudant général Radet qui a l’honneur pour la première fois d’observer depuis les airs, les évolutions ennemies sur un champ de bataille.
Le capitaine Radet[1] sauvant sa tête de justesse après l’affaire de Varennes-en-Argonne (participation hasardeuse et sans zèle à l’arrestation de Louis XVI), rejoint l’armée de Moselle. Nommé adjudant général, étant un des plus jeunes officiers de cette armée, afin de renseigner sur les positions ennemies assiégeant Maubeuge, il est choisi le 2 juin 1794 pour assister le commandant Coutelle (1748 – 1835), aérostier afin de tester un nouveau moyen d’observation. Il s’agit d’un ballon captif baptisé « l’Entreprenant » à bord duquel, ils vont observer les positions et les mouvements de l’ennemi. Cet équipement innovant est placé à une hauteur de 500 mètres au-dessus de la cité fortifiée qui est alors assiégée par les Autrichiens. L'effet psychologique produit dans le camp ennemi est important car il crée une sorte d’affolement et de trouble ; il frappe surtout les chefs et leurs soldats qui n’en croient pas leurs yeux et contribue ainsi à perturber leur moral. Ce nouveau matériel jamais employé jusqu’alors participe avec succès à la victoire française.

L’histoire ne dit pas si Radet continue dans la voie des airs, cependant, il participe aux batailles d’Arlon, de Niederbronne et à la reprise de Wissembourg. Revenu à l’armée du Nord, il se distingue à Fleurus où il est gravement blessé (26 juin 1794). À l’issue de la prise de Mons en juillet 1794, il rejoint à nouveau l’armée de Moselle dite de Sambre et Meuse et se distingue le 2 décembre 1794 à Bossut (Belgique) faisant 200 prisonniers parmi les immigrés qu’il intègre au sein de l’armée. En 1796 sous les ordres de Jourdan et en 1797 sous les ordres de Hoche, il participe à la campagne d’Allemagne et à beaucoup d’autres qui font de lui un officier à l’avenir prometteur.

Cependant, certains historiens certifient que le ballon captif est employé pour la première fois à la bataille de Fleurus le 26 juin 1794. Or il s’avère que c’est bien l’adjudant général Radet qui est le premier à avoir testé ce matériel révolutionnaire à la bataille de Maubeuge. Ses observations ont été utilisées pendant les combats à des fins de décisions stratégiques. À l’issue de plusieurs observations, il fait part à ses supérieurs de ses critiques tant sur l’emploi du ballon que sur les futures stratégies à adopter. Cette opération d’observation aérienne est bien employée à Fleurus fin juin 1794 par le général Jourdan.

Le ballon captif, prouvant qu’il est un excellent moyen aérien militaire, semble voué à progresser dans sa conception. Hélas, sans raison apparente, il n’est plus guère employé sur les champs de bataille, ni sous Napoléon ni sous les dignitaires militaires du XIXe siècle. Il faut attendre le début du siècle suivant où il est utilisé à nouveau à des fins opérationnelles.

C’est lors de la première guerre mondiale qu’il reprend du service pour observer les mouvements ennemis et les salves d’artillerie des adversaires ou des alliés. Les observateurs sont désormais munis de parachutes afin de sauter de la nacelle si le ballon est touché par des tirs d’avions. Durant la deuxième guerre mondiale, ce matériel, privé de la nacelle, est utilisé pour gêner les observations et les évolutions des avions ennemis dans les zones sensibles. Ces ballons captifs, en raison de leur forme plus allongée, sont appelés communément appelés "saucisses" depuis 1915 par les soldats.


[1] Étienne Radet né à Stenay en 1762 est décédé à Varennes-en-Argonne en 1825. Nommé général de brigade de gendarmerie par Napoléon en 1800, il organise ce corps selon ses directives. Devenu général de division, Napoléon lui vouant une grande confiance, il organise sous ses ordres la mission du rapt du pape Pie VI le 5 juillet 1809.

(La photo peut être agrandie d'un simple clic)

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Tableau désignant le commandant Coutelle comme
le premier militaire à être monté à bord d’un ballon captif.
Il n’existe aucune image relatant la présence à bord de l’adjudant général Radet.

Cette gravure mentionne également que ce ballon est transporté
de Maubeuge à Charleroi, ce qui prouve bien l’authenticité
de son test au-dessus de cette cité fortifiée.

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