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Par Brigitte MONCEY
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Dans les prairies étoilées
de Marie-Sabine ROGER

 
Prairies

L'auteure :

Marie-Sabine Roger est née le 19 septembre 1957 à Bordeaux et installée dans le Gard, près de Nîmes.

Publiée pour la première fois en 1989 en littérature jeunesse, Marie-Sabine Roger n'a pas cessé d'écrire depuis, dans des registres très variés, albums et romans jeunesse, romans pour grands adolescents et adultes, nouvelles et romans pour adultes, et plus récemment, collaboration à des scénarios pour le cinéma, avec Jean Becker.

Depuis quelques années, elle s'adresse principalement à des lecteurs adultes, tout en continuant d'écrire des albums pour les très jeunes lecteurs.

Deux de ses livres ont été adaptés au cinéma : en 2010, « la tête en friche » et en 2014 « Bon rétablissement », films réalisés par Jean Becker.

Mon ressenti :

Je n’ai plus rien à lire et le soleil se montre enfin, je voudrais pouvoir profiter de ma terrasse fraîchement refaite. Je fais un tour à ma librairie préférée « Entrée Livres ». Qu'ai-je envie de déguster ? Bonne question. J'ai besoin de légèreté. Jean-Loup sélectionne pour moi quelques recueils. Dans la pile, celui de Marie-Sabine Roger « Dans les prairies étoilées » ; j'aime son titre, son illustration... Je parcours rapidement la quatrième de couverture. Je suis conquise.

Je me plonge aussitôt dedans. Je n'arrive pas à le lâcher. L'histoire est belle, un mélange de deux mondes, celui de la réalité et celui de la bande dessinée, où Marie-Sabine Roger s’amuse allègrement à jongler. Elle donne naissance à une tribu de personnages déjantés. Tout d'abord à Merlin, dessinateur de BD et aquarelliste animalier, auteur d'une série à succès « Wild Oregon » ayant pour héros un certain Jim Bear Oregon…

4ème de couverture :

« À bientôt cinquante-huit ans, Merlin est un homme heureux, Grâce aux revenus désormais réguliers que lui assure son métier d'illustrateur, il vient d'investir dans une vieille ferme pleine de promesses et de travaux en perspective. En d'autres termes, la garantie d'être ruiné jusqu'à la fin de ses jours... Mais parfois, il faut savoir être fou, et que ne serait-il pas prêt à faire pour les beaux yeux de sa belle, la détonante Prune au caractère bien trempé ?
Des planches à poncer aux planches à dessiner, des fuites à réparer aux plans (sur la comète) à élaborer, l'emploi du temps de Merlin est bien chargé, jusqu'au jour où le téléphone sonne, qui vient tout bousculer...
Sur les amitiés auxquelles on fera tout pour rester fidèle sur ce qui passe et ce qui reste à inventer, sur l'art qui embellit la vie autant qu'il aide à la supporter, sur la dose d'insolence qu'il faut savoir s'autoriser, Marie-Sabine Roger livre un roman sensible, revigorant et plein de malice. »

Quelques extraits :

« Les lendemains de deuil ont quelque chose d'étrange. Le froid semble plus froid, la lumière plus laiteuse. Le chat ne miaule plus de la même façon et ses miaous furtifs sombrent sans résonner dans le silence opaque. Tout semble falsifié. C'est une mauvaise copie des journées précédentes. Le temps ne passe plus, il s'égoutte à grand-peine. Et ce goulot d'étranglement pénible, dans la gorge. Et ce manque glacé, qui envahit l'estomac. »

« Les maisons meurent de tristesse, quand leurs habitants sont partis. Je l'ai ressenti en poussant le portail. Le jardin avait l'air d'avoir abandonné tout espoir d'être visité.»

« Il commence à me pomper l'air, à me les briser menu, à me les moudre fin, le shérif de mes deux. Il me les ponce à la laine d'acier double zéro, le héros de BD, l'artisan dézingueur. Va te faire dessiner ailleurs, superman de pacotille, justicier en quadrichromie, pauvre naze ! Va te faire imprimer en Belgique, crétin ! »

« Les morts ne meurent pas tant que l'on pense à eux, ils s'absentent, rien d'autre. Il suffit de regarder leur portrait sur le mur, de se remémorer les heures de délires, de les aimer encore, ils reviennent aussitôt et l'on retrouve tout, la présence, les rires, les bonheurs partagés, la chaleur du moment. »

« C'est le problème de l'artiste avec sa création. Obscurs Frankensteins que nous sommes, attachés de façon névrotique à nos bulles, nos cases, nos créatures. Illégalement squattés par tout ce joyeux petit monde en cavale, échappé malgré nous de nos cerveaux malades, par une porte dérobée. Une porte entrouverte dans le mur de l'asile qui donnerait sur la cour du fond et, par-delà la palissade, sur le monde réel que je trouve parfois, moi, tellement peu crédible.
Les artistes sont poreux, ils n'ont pas de limites, leur imagination déborde sans arrêt. Leur univers transpire, puis se matérialise, devient réalité, se met à exister d'une existence propre. Il leur survit parfois. Parfois même, longtemps. »

« Prune est persuadée que le temps est un allié. Elle croit qu'en s'écoulant, il arrange les choses. Tout devrait lui prouver le contraire, à commencer par nous, pauvres humains. Nous vieillissons. Nous finissons. 
Et les étoiles meurent. Les montagnes s'érodent. Les fleuves se tarissent. 
Mais j'ai beau lui énumérer tout ce que le temps détruit, elle m'opposera que le printemps revient, que les arbres refleurissent, et que nous nous sommes rencontrés au mitan de nos vies. 
La peste soit des gens qui voient la vie en rose. »

Quelques critiques relevées sur la toile :

« Ce bon vieux Jim, conducteur de convoi stellaire, chatouilleux de la gâchette, grand joueur de poker et buveur de whisky traversant les déserts cosmiques de son univers déjanté, lui a été inspiré par son ancien voisin, devenu meilleur ami, presque un père spirituel, Laurent... » 

« Un véritable petit bonheur sucré que ce roman... Marie-Sabine Roger déploie, une nouvelle fois, ses talents de conteuse pour nous offrir un roman absolument divin. Elle nous entraîne dans le monde de la création, plus particulièrement celui du 9ème art. L'écriture, quant à elle, est riche, percutante, drôle et sincère. Encore un très beau roman... »

« L'auteur n'a pas son pareil pour nous dépeindre une galerie de personnages haute en couleur, tellement attachante et pleine de vie, que ce soit Merlin, le dessinateur documentariste enchanteur, la pétulante Prune, le fantaisiste Oncle Robert et l'acariâtre Tante Foune (qui est d'ailleurs la seule à ne pas savoir la signification de son surnom), Genaro et Lolie, les amis sincères, sans oublier Jim Bear Oregon, le cow-boy solitaire ou encore Miss Plum (alias Prune), la tenancière du Blue Rooster. Et bien sûr les chats Chausson et Cirrhose. Un roman tout en finesse, profondément humain et d'une incroyable justesse, qui aborde avec vivacité divers thèmes tels que la mort, l'amour, l'amitié, la création mais aussi les liens qui peuvent exister entre l'auteur, son personnage et le lecteur. »

« De livre en livre, j'apprécie de plus en plus l'univers généreux, humoristique, plein de saveur de cette romancière, ainsi que son art de la formule. Ce dernier opus m'a beaucoup plu.
Mais au travers de l'humour ravageur de l'auteur, les événements, même s'ils sont empreints de chagrin refoulé, sont traités de façon désopilante... J'ai adoré les scénarios imaginaires très drôles qui rythment les pensées du narrateur. Je recommande cette lecture vivifiante, pleine de chaleur humaine, entre rires et émotion, aux personnages déjantés et tendres, que l'on aimerait tellement rencontrer ­ et aimer ­ dans la vraie vie ! »

Alors, n’hésitez pas, lisez ce livre et faites-moi part de vos réactions.

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Commentaires

  • Véronique VAROQUIER-GÉRARD

    1 Véronique VAROQUIER-GÉRARD Le dimanche, 02 février 2020

    Sûrement, l'une de mes prochaines lectures !
    Merci pour ce partage !

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