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Par Jean-Luc QUÉMARD

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Il y a cent ans, le choix du soldat inconnu
(Deuxième partie)

Ce héros national est transporté sur une prolonge d’artillerie et escorté par une garde en armes composée de la compagnie d’honneur et de huit adjudants. Il est suivi durant le parcours honorifique par André Maginot, une veuve de guerre, Mme Lemée, le général Boichut, commandant la place de Verdun, Monseigneur Ginisty, les autorités locales, militaires et religieuses, les enfants des écoles et une partie de la population de Verdun. Le catafalque prend la direction de la gare de Verdun en empruntant la rue d’Anthouard. Un arrêt est respecté à l’hôtel de ville pour permettre au Maire, Mr Victor Schleiter, de déposer sur le cercueil la médaille de Verdun. À la gare, il est placé dans un wagon drapé aux couleurs nationales. Le train s’ébranle pour Paris avec à son bord le Ministre, les délégations officielles et la garde d’honneur. 

Arrivé vers minuit et quart par train spécial à la gare de Denfert-Rochereau, il est déposé dans une chapelle ardente, dans l’attente d’être transporté à son emplacement définitif. Dans la matinée du 11, le Soldat inconnu est transféré au Panthéon en même temps que le cœur de Gambetta déposé dans un cénotaphe pour y recevoir l’hommage de la Nation. Puis, les deux catafalques sont acheminés sous l’Arc de Triomphe pour l’hommage du peuple. Ce 11 novembre 1920 est non seulement le deuxième anniversaire de la fin des hostilités mais également le cinquantième anniversaire de la troisième république. Puis, le cœur de Gambetta regagne le Panthéon et le cercueil du Soldat inconnu est déposé dans une salle de L’Arc de Triomphe. Le choix du lieu ainsi que cette double cérémonie ont suscité un vif débat dans les deux assemblées parlementaires entre ceux, favorables à la panthéonisation et ceux favorables au monument le plus illustre de Paris et de France : l’Arc de Triomphe. C’est ce dernier qui est finalement retenu pour accueillir celui qui désormais évoque le sacrifice suprême pour la défense de la Patrie.

Ce soldat anonyme est finalement le plus connu des français. En effet toutes les cérémonies officielles liées à sa mémoire ou les visites de dirigeants pour la plupart d’entre-elles, font l’objet d’un dépôt de gerbe et d’un ravivage de la flamme qui honorent cet illustre soldat. Si c’est depuis le 28 janvier 1921 qu’il repose définitivement dans le caveau actuel, en revanche, c’est le 11 novembre 1923 à 18h30 qu’André Maginot pour la première fois ravive la flamme du souvenir en présence du général Gouraud, ministre de la guerre et d’une compagnie du 5e R.I rendant les honneurs. Cette flamme voit le jour suite à un article de Gabriel Boissy, écrivain, journaliste et ancien combattant, paru en octobre 1923 dans le journal « L’intransigeant » où il évoque sa crainte de voir la dalle sacrée tomber dans l’oubli. Il lance l’idée d’installer une flamme du souvenir des morts qui brûlerait sans interruption. Je cite le texte « La flamme, comme un feu follet, jaillira du sol. Elle sera vraiment comme l’âme du mort résurgente. Elle palpitera, elle veillera. Elle ne ressemblera à aucune des lumières environnantes ». Plusieurs projets d’éclairage, voire d’illumination dont celui du sculpteur Calvet (nous lui devons le monument Driant au bois des Caures) sont à l’étude. C’est le projet de l’architecte Henri Favier, dont la réalisation est confiée au ferronnier d’art Edgar Brandt, qui est retenu tel que nous le connaissons aujourd’hui. La flamme du souvenir est ravivée tous les soirs à 18 heures 30 au cours d’une cérémonie patriotique sous le patronage du Comité de la Flamme (représentant 760 associations d'anciens combattants).

L’occupation allemande de 1940 à 1944, n’a pratiquement causé aucun souci, sauf le 11 novembre 1940 où un mouvement estudiantin, lors d’une manifestation interdite, profère des propos antinazis. Celui-ci est sévèrement réprimé. Parfois des soldats allemands en toute liberté et selon leur conviction participent avec respect au cérémonial du ravivage. Le haut commandement allemand ne s’est jamais opposé à honorer sa mémoire. Ce qui fait dire que le ravivage de cette flamme éternelle n’a jamais été effectué clandestinement. En revanche, la tombe du soldat inconnu est profanée une première fois lors d’une émeute communiste le 23 août 1927, ce qui engendre quelques temps plus tard la création du mouvement nationaliste formé par nombres d’anciens combattants « Les Croix de feu ».

Les sept autres soldats inconnus sont inhumés à la nécropole du Faubourg Pavé à Verdun et sont honorés tous les 10 novembre à 16 heures par une cérémonie officielle en présence d’associations patriotiques, des autorités locales, militaires et religieuses. Annuellement, la flamme est prélevée à Paris par l’association de « Ceux de Verdun » et « On ne passe pas » pour être acheminée à Verdun. Elle repose dans la crypte du monument « à la Victoire et aux Soldats de Verdun » où une brève cérémonie quotidienne en présence d’autorités et d’associations patriotiques se déroule tous les soirs à 18 heures, du 1er au 10 novembre. Puis, elle est à nouveau transférée à Paris à l’issue de la cérémonie du 11 novembre.

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Depart Inhumation
Le départ pour la gare de Verdun L’inhumation dans le caveau actuel
le 28 janvier 1921.
Triomphe
Ici repose un soldat Français mort pour la Patrie 1914 - 1918

 

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