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Par Daniel DUBOURG
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Rentrée littéraire

Un salon du livre est un moment privilégié de rencontre avec le peuple des lecteurs, petits ou grands, jeunes et moins jeunes mêlés. Forte est la frustration des auteurs d’en être privé.
Chaque livre est déjà à lui seul toute une histoire. Les mots qu’il porte, choisis et associés par une intention, lui confèrent sa puissance.
C’est pour parler de ce personnage vêtu d’une seule couverture que tous choisissent de se rencontrer, pour découvrir et échanger. La rencontre, un besoin, une nécessité, une richesse, car les mots, à chaque page, prennent une tout autre dimension, lorsque l’on a rencontré l’auteur, celui qui dit et écrit. Ce dernier explique et répond à toutes les questions des lecteurs curieux.
Les mots ne sont qu’en veille, faussement endormis, mais l’on peut parfois effleurer toutes les nuances dont ils sont porteurs, en collaboration, en symbiose même avec leurs pairs.
Un dictionnaire est un trésor de mots jamais épuisé, toujours renouvelé. Ces mots ont leur vie propre, leur histoire. Certains sont très âgés, d’autres ont disparu, oubliés, inusités, caducs. Ils sont un reflet de l’histoire humaine et de tout ce qui nous entoure et nous habite. Des témoins, des acteurs de notre patrimoine, en quelque sorte. Quant aux petits nouveaux, ceux qui viennent d’entrer, choisis par les Immortels du quai Conti, ils vont devoir se faire leur place au fil du temps.
Dans cette valse incessante, il en est qui ne cessent de tourbillonner. D’autres attendent que nous les invitions : ils reprennent leur souffle, ou se sont faits discrets, jusque-là. Et puis il y a ces mots négligés, oubliés, parfois maltraités, déconsidérés, dévalorisés. Il n’est pas simple de partir à leur recherche, puisqu’on ignore parfois jusqu’à leur propre existence. Une fois retrouvés, il nous faudra en apprendre le sens, les significations diverses.
Le mot que nous avons posé sur chaque chose, chaque action, chaque sentiment, depuis la nuit des temps, pour décrire, agir, exprimer et communiquer nos pensées, nos idées, notre pouvoir créateur, ne pourra jamais être réduit, écrasé, anéanti. Mais pour qu’il continue de vivre, il faut l’y aider, prendre et garder la parole, entretenir le langage, parler et écrire, communiquer vraiment pour apprendre, s’apprendre, apprendre l’autre.
Si les mots venaient à disparaître, si leur peuple s’appauvrissait, subissait blessures, mutilations, emprisonnements et privations de liberté d’expression, que deviendrions-nous ? Les rentrées littéraires et tout le reste... pfffuit ! Envolés !

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