Plume oreille07 08 juillet aout2020 1

Une chanson, les paroles, la vidéo d'un artiste,
le tout proposé par un auteur de PLUME

Moncey brigitte 1

Brigitte MONCEY
vous invite à découvrir...


Ssendu (voix lactée)

d'Idir

Idir

Idir, nom de scène d'Hamid Cheriet, chanteur, auteur-compositeur-interprète et musicien algérien d’expression kabyle est né le 25 octobre 1949 (1945 selon certaines sources) dans un village perché sur les monts du Djurdjura, en Algérie. Idir meurt le 2 mai 2020 à l'hôpital Bichat à Paris, des suites d’une fibrose pulmonaire dont il souffrait depuis plusieurs mois. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (85e division).

« J'ai eu la chance d'avoir une grand-mère et une mère poétesses, on venait de loin pour les écouter. J'ai baigné dans l'atmosphère magique des veillées ou l’on racontait des contes et des énigmes. Dans une société de culture orale, la valeur du mot est immense. La capacité à ciseler les mots, à inventer des images, est aujourd'hui encore très prisée chez nous ».

Idir entreprend des études de géologie et se destine à une carrière dans l'industrie pétrolière algérienne. En 1973, sa carrière musicale commence par hasard, à Radio Alger. Il remplace au pied levé la chanteuse Nouara, malade. Il lui avait composé une berceuse qu’il interpréta lui-même et qui va devenir son premier succès radiophonique, Rsed A Yidess qui signifie « Que vienne le sommeil ». Il enregistre ce titre ainsi qu'un second, A Vava Inouva (« Mon papa à moi »). Cette chanson kabyle, avec simplement des voix et guitares, devient rapidement, dans les années 70, un tube planétaire, le premier grand tube venu directement d’Afrique du Nord diffusé dans 77 pays et traduit en 15 langues. Il représente l'affirmation d'une certaine identité, le retour à des racines ancrées très profondément dans l'histoire de l'Algérie. La production discographique d'Idir est modeste, sept albums studio au total, mais son œuvre a contribué au renouvellement de la chanson berbère et a apporté à la culture berbère une audience internationale.
Après ce succès, Idir écrit à nouveau et enregistre Ayarrach Negh (« À nos enfants »), un album qui sort en 1979. Il enchaîne sur une longue série de concerts. Mais cet homme discret ne se reconnaît pas dans le monde du show-biz même s'il aime composer, ce qu'il fait pour d'autres. En conséquence, il choisit de s'éclipser après cette série de concerts, une dizaine d'années environ, tout en donnant quelques rares récitals.
Sa carrière est relancée avec la sortie d'une compilation en 1991 de dix-sept chansons de ses deux premiers albums. Idir obtient de nombreux éloges et la reconnaissance de ses pairs. Pour la première fois, la critique lui attribue le statut de précurseur de la world music.
L'année suivante, paraît un nouvel album : les Chasseurs de lumière où il chante ses thèmes de prédilection, l'amour, la liberté et l'exil (qu'il connaît puisqu'il est installé dans la région parisienne depuis 1975). Il introduit des darboukas, flûtes et guitare acoustique qui donnent à sa musique une touche de modernité. On peut entendre aussi la voix, la harpe celtique et la cornemuse d'Alan Stivell sur le duo Isaltiyen (« Les Celtes »).

Chanteur engagé

Porte-drapeau de la rébellion berbère dans les années 70, Idir défend la culture et la langue kabyle contre l'hégémonie de l'arabisation menée par le gouvernement algérien qu'il compare au fascisme et à la colonisation. Il choisit de s'installer en France, qui devient son deuxième pays et d'où il continue de chanter sa Kabylie natale.

Il participe à de nombreux concerts pour soutenir différentes causes : « La paix, la liberté et la tolérance ». Il est présent aussi au concert hommage rendu à Lounès Matoub, chanteur Kabyle, assassiné en 1998. Il défend son identité culturelle au cours du Printemps berbère, lorsque de violentes émeutes ravagent la Kabylie. Le chanteur organise à cette occasion un grand concert au Zénith de Paris où devant une salle pleine, de nombreux artistes soutiennent la révolte du peuple kabyle face au pouvoir central algérien. Il signe une tribune dans le journal Libération, avec de nombreux artistes, intellectuels et scientifiques du Maghreb, et au-delà, pour « retrouver la force d'une laïcité vivante ».

Le véritable retour discographique d'Idir se fait en 1999 avec Identités, l'album hommage qui réunit de nombreux artistes, de Manu Chao (A Tulawin (Une algérienne debout)) à Dan Ar Braz en passant par Maxime Le Forestier ou Karen Matheson pour un A Vava Inouva 2, mais aussi ZebdaGilles ServatGeoffrey Oryema et l'ONB. Idir rassemble ici ceux qui prônent l'ouverture culturelle ainsi que la reconnaissance des racines propres à chacun.
Idir est un homme discret aux valeurs fortes.
En 2007, en pleine campagne présidentielle française, Idir signe un album non politique mais républicain : La France des couleurs. L'album « défend les couleurs de la France », comme aime à le répéter l'artiste lui-même. Il invite la jeune génération à composer avec lui des chansons autour de ce thème qui lui est cher, l'identité. De nombreux artistes comme Akhenaton, Grand Corps Malade, Zaho et beaucoup d'autres posent ainsi textes, rage et sensibilités aux côtés du tonton kabyle.
Il va revenir chanter en Algérie le 4 janvier 2018 (pour le Nouvel An berbère Yennayer). Ce concert, qui aura lieu à la coupole d’Alger, marquera, après une absence de 38 ans, son retour sur scène en Algérie.
En janvier 2019, un concert est organisé sur la scène du Palais omnisports de Paris-Bercy pour fêter le Nouvel An berbère. Ce concert réunit les trois stars de la chanson kabyle, Aït Menguellet, Allaoua et Idir pour la première fois.

Style de musique

La musique d'Idir naît de l'association de différents instruments, mais celui qui est à la base de son œuvre est bien la flûte du berger kabyle. Il s'agit d'ailleurs du premier instrument dont il a appris à jouer dès son plus jeune âge : « au village, les enfants que nous étions se transformaient en bergers dès la sortie de l'école. Et tailler une flûte dans un roseau allait de soi. Quand une mélodie me vient, je la teste d'abord à la flûte. » La guitare folk est venue plus tard, au lycée, à Alger : « un coopérant français m'a enseigné les premiers accords. Mais j'ai vite cherché à reproduire sur les cordes les cadences des percussions traditionnelles, le tambourin et le bendir ». Les sonorités entremêlées des guitaresflûtes et autre darboukas caractérisent la musique d'Idir.
Écrites en kabyle ou en français, ses chansons ont cependant une portée universelle et se veulent mondiales. D'où le qualificatif de musiques du monde souvent donné à cette œuvre. Les sujets de ses chansons, dont la majorité des textes sont écrits par Benmohammed, recouvrent différents thèmes comme l'exil (A Vava Inouva), la fête (Zwit Rwit) ou encore l'émotion et les souvenirs (Ssendu).
Ce style de musique se veut profond, déclenchant l'émotion et la nostalgie. Bon nombre des chansons d'Idir ont fait l'objet de reprises multiples, et elles ont toujours - année après année - une place de choix dans la programmation musicale des mariages kabyles (et autres).

J’ai choisi de vous faire écouter la chanson Ssendu (Voie Lactée), en hommage à toutes les mères de la terre entière :

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