Coinphilosophe207 08 juillet aout2020 1

Par Daniel DUBOURG
Dubourg daniel 6

Souricet

Le conteur que je suis a maintes fois raconté l’histoire de Souricet qui, comme beaucoup d’autres, a toujours suscité l’intérêt des gens de tous âges. Il est vrai que, très poétique, elle comporte de nombreuses réflexions insoupçonnées allant bien au-delà de son côté charmant.
Donc, un beau jour, le roi des souris décide seul de trouver un mari à sa fille la princesse Souricette, en âge de convoler en justes noces. Comme elle est de sang royal, il va de soi qu’elle ne saurait épouser n’importe qui et, en particulier, un prétendant issu du peuple, roturier et plébéien.
Le monarque nourrit des ambitions à hauteur de son niveau social. Il s’en ira donc trouver tour à tour le soleil, le nuage et le vent (rien moins que cela !), et toujours mû d’une intention louable. Au fil de ses recherches, chaque fiancé pressenti lui répond que ses pouvoirs, aussi étendus qu’ils soient se trouvent limités par ceux d’un voisin proche contre lesquels rien n’est possible : le nuage fait de l’ombre au soleil, le vent emporte le nuage et, enfin, il vient se casser le nez sur le mur… du palais royal ! Retour de périple à la case départ pour le roi qui se trouve au pied du mur, guère plus avancé. Mais le comble, c‘est quand l’épais édifice avoue sa propre impuissance, voire sa grande fragilité au souverain qui s’en étonne et ne comprend plus !
En effet, le mur finira par s’écrouler (oui !), rongé patiemment, jour après jour, par un minuscule personnage, qui devient soudain aux yeux du roi le plus puissant dans la hiérarchie, Souricet, une toute petite souris de rien du tout !
C’en est décidé. Le roi, convaincu, sait maintenant à qui il confiera la main de sa fille Souricette.
Faut-il vraiment lister les nombreux points à portée philosophique implicite, mobilisés ici ? Nous en retiendrons quelques-uns :

— le roi choisit le mari susceptible de convenir à la princesse, sa fille,
— il ne va pas le chercher dans un univers accessible aux humains. Il ne doute de rien.
— il se rend compte qu’un mur imposant (celui de son palais), véritable force immobile (conçue par la main de l’homme, cependant) est lui-même fragile,
— il mesure que le plus puissant de tous est un tout petit animal !
— la boucle est bouclée. C’était bien la peine de vouloir remuer ciel et terre, jusqu’au soleil (symbole royal) pour revenir au point de départ.
— le mariage sera celui de l’amour entre deux petites souris, quelles que soient leurs origines sociales.

Mais j’ai déjà été trop bavard. Bien d’autres pistes de réflexion sont encore exploitables, à condition de les chercher dans d’autres registres.
Ces deux mois d’été seront propices à la découverte, à condition de se laisser aller à la rêverie, de permettre à son esprit de vagabonder et de s’abandonner à la magie des contes qui sont des creusets de pensées philosophiques. Belles vacances !

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