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Par Jean-Luc QUÉMARD

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Si Clermont m’était conté
(Partie 2)

La période lorraine

Dès le début de son règne, le Duc René II se rend compte de l’état de misère dans lequel, se trouvaient les habitants de Clermont et de ses environs. Afin de redonner de l’espoir à une population qui avait tendance à quitter ces lieux, il en baissa sensiblement les charges. Une lettre patente datant de 1484 témoigne de la pauvreté de ses gens :

Partie de lettre retranscrite en vieux français : 

Nos bien-aimés les manants et habitants du bourg de Clermont et Vraincourt souloient (avaient coutume) estre en bon nombre d’habitants riches et puissants, mais par les guerres qui on règne ils sont fort diminuez et ne sont à présent que ung petit de povres gens tant povres que le territoire est maulvaiz pénible à labourey que de petit rapport…

Ce monarque prit froid lors d’une chasse au loup dans la région de Fains et décéda le 10 décembre 1508. C’est son fils Antoine qui lui succéda, il donna en 1516 à sa mère Philippe de Gueldre la châtellenie de Clermont. En 1519 la rivalité entre François Ier et Charles Quint engendrant une menace sur le duché de Lorraine et particulièrement sur le clermontois, le Duc fit masser des troupes en Argonne pour défendre son territoire. C’est à cette époque que la théorie de la frontière entre le royaume de France et le Saint Empire germanique fit la part belle aux historiens qui développèrent le fait que cette dernière était naturellement établie par le fleuve Meuse. Claude de la Vallée, prévôt de Clermont, lors d’un interminable procès, allait fournir aux rois de France l’occasion de s’affirmer sur le clermontois. En 1535, ce dernier, ayant profité de ses fonctions, fut arrêté et interné au château pour enrichissement personnel. Il fit amende honorable et quitta Clermont définitivement.

Une histoire complexe que celle de la Lorraine à cette époque :

Le Duc Antoine[1] niant volontairement la souveraineté de François Ier sur cette partie du territoire qui était établie par le traité de Romilly en 1539, le monarque en accord avec le Duc lui accorda la jouissance du baillage et de la terre du clermontois tout en ajoutant des réserves de ne pas nuire au royaume. Henri II, fils de François Ier, en 1548 ne voulut pas s’engager dans un conflit avec le jeune Duc de Lorraine Charles III[2] et confirma les tenants et aboutissants du traité de Romilly. En 1549, il s’éloigna de l’emprise de Charles Quint et de ce fait, débuta la conquête de la partie orientale des territoires. En 1552, cette conquête appelée communément la chevauchée d’Austrasie lui permit de prendre possession des évêchés de Metz, Toul et Verdun, en prétextant leur garantir l’indépendance face au Saint-Empire germanique. Cette conquête eut un rebondissement jusqu’au Clermontois, car les troupes françaises occupant la Lorraine y demeurèrent jusqu’en 1556.

Le jeune Duc de Lorraine Charles III exerça ses droits souverains en s’affirmant dès lors sur la châtellenie de Clermont. Hélas pour lui, c’est le Duc Charles IV[3] qui allait fournir à Richelieu l'occasion de s’emparer de ce territoire contesté depuis des lustres. Le Duc de Lorraine, malgré ses engagements de ne pas s’allier sans le consentement du Roi, se rapprochait du Saint-Empire et soutenait discrètement les ennemis de Richelieu en accueillant dans son fief Gaston de France, le frère du roi. En 1632, le roi Louis XIII, pour assainir une situation politique qui lui échappait, résolut d’envahir la Lorraine en s’emparant des villes les plus importantes, dont Clermont. Charles IV dut faire amende honorable en signant le traité de Liverdun le 26 juin 1632. Louis XIII retira ses troupes des places occupées, sauf celle de Clermont qui devient française par le traité signé à Paris le 2 avril 1641. Par ce traité, Clermont va dès lors connaître une nouvelle période, la période française.

Cette dernière sera abordée ultérieurement.


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Duc Antoine de Lorraine

 
Duc Charles III Duc Charles IV


[1] Antoine de Lorraine, dit le Bon, né le 4 juin 1489 à Bar-le-Duc et mort le 14 juin 1544 à Bar-le-Duc, fut duc de Lorraine et de Bar de 1508 à 1544 et duc titulaire de Gueldre de 1538 à 1541.

[2] Charles III de Lorraine né à Nancy le 18 février 1543, il y décède le 14 mai 1608. Il était le fils du duc François Ier et de Christine de Danemark nièce de l’empereur Charles Quint.

[3] Petit-fils du duc Charles III, Charles IV dit de Vaudémont (1625-1675) est le fils de François II de Lorraine et de Christine de Salm. Enfant, il fut le compagnon de jeu du futur roi Louis XIII.

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