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Une chanson, les paroles, la vidéo d'un artiste,
le tout proposé par un auteur de PLUME

Patrick LAGNEAU
propose...

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La Cumparsita

C’est en parcourant le profil de Danielle HOUOT, une de mes amies sur Facebook, que je suis tombé sur la vidéo que vous verrez à la fin de cet article. On suit notamment l’évolution d’un couple de danseurs sur la Cumparsita, autrefois un des tangos préférés de mon père.
Par curiosité, je me suis amusé à faire des recherches et j’ai fait des découvertes passionnantes sur ce tango.
C’est ce que j’ai envie de partager avec vous aujourd’hui.

Alors, merci à Danielle !

Tango

En 1916, Gerardo Hernán Matos Rodriguez est un jeune étudiant uruguayen en architecture de 19 ans. Pianiste et compositeur à ses heures, et malgré sa grande timidité, il ose un jour se présenter devant le maestro Roberto Firpo qui se produisait à Montevideo au café La Giralda (aujourd’hui Palacio Salvo) et lui propose une marche de carnaval en l’honneur de son groupe d’étudiants : La Comparsa (la fanfare). Les paroles sont sans équivoque, mais l’air est entraînant.

Español

La Cumparsa
de miserias sin fin desfila,
en torno de aquel ser enfermo,
que pronto ha de morir de pena.

Por eso es que en su lecho
solloza acongojado,
recordando el pasado
que lo hace padecer/estremecer.

Français

Le cortège 
de misères sans fin défile,
autour de cet être malade,
qui bientôt va mourir de peine.

C'est pour cela que dans son lit
il sanglote tristement,
se rappelant le passé
qui le fait souffrir. 


Roberto Firpo accepte de l’interpréter, et Rodriguez a la naïveté de céder les droits d’auteur pour 20 petits pesos.
Après des succès mitigés, La Comparsa, devenue entre-temps La Cumparsita (la petite fanfare), se fait un peu oublier. En 1924, le grand chef d’orchestre et violoniste de tango, Francisco Canaro, le reconnaît comme un tango majeur.
Enrique Maroni, journaliste, poète et animateur de radio en Argentine, et Pascual Contorsi, dramaturge, musicien et parolier, réécrivent ensemble des paroles et intitulent le tango Si Supieras (Si tu savais).

Español

Si supieras...

que aún dentro de mi alma
conservo aquél cariño
que tuve para ti.

Quién sabe, si supieras...
que nunca te he olvidado,
volviendo a tu pasado
te acordarás de mi.

Los amigos ya no vienen,
ni siquiera a visitarme,
nadie quiere consolarme
en mi aflicción.

Desde el día que te fuiste
siento angustias en mi pecho,
decí, percanta, ¿ Qué has hecho
de mi pobre corazón ?

Al cotorro abandonado.
Ya ni el sol de la mañana
Asoma por la ventana,
Como cuando estabas vos

Y aquel perrito compañero.
Que por tu ausencia no comía
Al verme solo, el otro día
También me dejó.

Si supieras que aún dentro de mi alma
Conservo aquel cariño que tuve para ti
Quien sabe si supieras que nunca te he olvidado
Volviendo a tu pasado
Te acordarás de mí.

Français

Si tu savais...

que dans mon âme
je conserve toujours cette tendresse 
que j'ai eue pour toi. 

Qui sait, si tu savais...
que jamais je ne t'ai oubliée,
revenant à ton passé
tu te souviendrais de moi.

Les amis ne viennent plus,
pas même une visite, 
personne ne veut me consoler
dans mon désespoir.

Depuis le jour où tu es partie 
je sens l'angoisse dans ma poitrine,
dis-moi, petite, qu'as-tu fait
de mon pauvre cœur ? 

Pour le cotorro abandonné
Pas même le soleil du matin
Ne regarde par la fenêtre,
Comme quand tu étais là

Et ce chiot compagnon
Qui n’a pas mangé en raison de ton absence
De me voir seul, l'autre jour
Il m'a aussi quitté.

Si tu savais ça encore dans mon âme
Je garde cet amour pour toi
Qui sait si tu savais que je ne t'ai jamais oubliée
En revenant à ton passé,
Tu te souviendras de moi.


Mais La Cumparsita tient bon. Carlos Gardel, chanteur et compositeur de tango français né à Toulouse en 1890 et mort en 1935 près de Medellin en Colombie dans un accident d’avion, va mondialiser La petite fanfare. Tout Buenos Aires veut alors danser sur la Cumparsita, suivi peu après par Paris, puis le reste du monde. La Cumparsita devient synonyme de tango.

Version chantée par Carlos Gardel

Devenu l'auteur du tango le plus célèbre du monde, Rodriguez passera 20 ans de sa vie à se battre pour récupérer ses droits d’auteur. Il finira par gagner contre la maison d’édition Ricordi, et contre les paroliers Maroni et Contursi.

Il est maintenant de tradition dans les milongas (lieux où sont dansées certaines formes de tango) de clore le bal avec deux interprétations différentes de La Cumparsita, souvent en version instrumentale.
Et il existe plus de 360 versions de La Cumparsita. (*)

Comme je l’ai annoncé en début d’article, terminons avec ce couple magique de danseurs sur une superbe version de… La Cumparsita ! Et en toute sincérité, j'ai rarement vu des danseurs de tango autant en osmose avec la musique. Regardez ! Et appréciez !

Cumparsita

* Source : www.bailando-tango.com/

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