Demain, un grand trou noir sera l'œil de Paris
Sa prunelle de cendre obscurcira nos yeux
Comment traverser les deux rives
Privés de l'élan de ta flèche, Notre Dame
Comment goûter le charme de l'instant
Surplombés par la mort de ta longue mémoire
Comment être passants
Sans plus jamais pouvoir longer
Ta nef peuplée de la force des siècles
Et qui s'est amarrée, comme un cadeau du temps,
À la hauteur de notre épaule
Nous n'avons en retour pu t'offrir
Que silence et rumeur, larmes, prières, cœur
Et dernières photos
Nous n'avons pu t'offrir
Que toute notre impuissance
À t'assister dans l'agonie flamboyante et terrible
Nous n'avons su qu'unir un soir nos désarrois
D'enfants contemplant la mort de leur mère
Mais serrant fort leur creux des mains
Pour trouver la chaleur de la ressusciter
|