Le coin historien6 107 08 juillet aout2019 1

Par Jean-Luc QUÉMARD

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Si Clermont m’était conté
(Partie 1)

Des temps reculés à la période Barroise

Cette petite cité meusienne au passé prestigieux ne fait parler d’elle que vers l’an mil, ce qui est plutôt récent par rapport à certains villages dont la création remonte à l’époque gallo-romaine, voire antérieurement. Son nom est en rapport avec la colline qui la domine. Elle a changé au cours du temps plusieurs fois de vocable : De Claro-Monte, Clarus-Mons, Clairemont, Clermont, Clermont-en Barrois et Clermont-en-Argonne. La colline, quant à elle, est plus connue de nos jours comme étant le « plateau de Sainte-Anne ».

Le vocable Clarus-Mons, dénomination latine, laisserait à penser toutefois que ce bourg soit plus ancien qu’il n’y paraît. En effet, des fragments de briques, de pavages remontant à l’époque gallo-romaine furent découverts au début entre 1910 et 1920, ce qui témoignerait de cette ancienneté.

Cependant, sa situation géographique et son relief ont attiré des hommes très tôt pour y vivre, en témoignent des fouilles qui eurent lieu à la fin du XIXe siècle et qui se sont avérées fructueuses. Les traces et objets saisis tels : hache de silex, pointes de flèches, coquillages percés prouvent que l’homme a conquis ce secteur à l’âge de la pierre. Puis furent mis à jour par des fouilleurs d’autres objets ou armes tels : des épées, hallebardes, casques, épingles en fer et en bronze.

Remontant le temps, Clermont fut au cours de l’empire carolingien une cité qui fit partie du royaume de France. Cela étant dû au partage des vastes territoires conquis par Charlemagne qui eut lieu à Verdun en 843, entre ses trois petits fils. Ce traité stipula que la partie occidentale, la Francia occidentalis (royaume de France) revenait à Charles le chauve, la partie médiane (la Lotharingie) à Lothaire et la partie orientale, la Francia orientalis à Louis le germanique, état qui deviendra le Saint-Empire germanique. Ce dernier donnera plus tard naissance à l’Allemagne. Clermont se trouve dès lors pratiquement à la frontière avec la Lotharingie. Ce bourg, vu sa situation, va connaître à l’issue de ce partage des périodes d’instabilité, car il sera convoité par les voisins immédiats : les Évêques de Verdun, les Comtes de Champagne, les Ducs de Lorraine (Lotharingie) dans un premier temps.

La construction du 1er château fort sur le promontoire remonterait à l’an 1025, cependant les recherches à ce sujet ne s’avèrent pas très fructueuses, car un doute subsiste quant à sa période d’édification. Cette dernière serait l’œuvre des seigneurs de Clermont. Ce bourg tant convoité subira plusieurs sièges entre le Xème et le XIIIème siècle par l’Évêque Thierry-le-Grand[1] de Verdun, l’Empereur Henri V[2] du Saint-Empire germanique. Puis, ce fut le Comte de Bar Thiebaut 1er3]qui parvint à mettre fin à cette période d’instabilité par la menace et par le financement des brigands qui occupaient cette seigneurie.

Cette période d’instabilité fit place à la période barroise. À partir de 1214, le comte Henri II de Bar[4] fit reconstruire le château qui avait souffert lors des différents sièges. Il le modifia en y apportant des éléments nécessaires pour contrer d’éventuels assauts de brigands ou d’armées étrangères : des fossés, des corps de garde, magasins, citernes, écuries, puits, etc. Durant ce siècle, Clermont ne fut plus un théâtre de convoitises et connut sous cette domination barroise, une période d’accalmie. Hélas, celle-ci ne dura qu’un temps et Clermont au XIVe siècle connut à nouveau une période où l’influence française se fit sentir. C’est Yolande de Flandres, veuve du Comte de Bar Henry IV[5] qui y mit fin en provoquant la première occupation. Ayant connu quelques déboires, elle fut arrêtée sur ordre du Roi de France Charles V[6] et internée dans la tour du Temple à Paris. C’est Raoul de Boursault qui fut dépêché pour occuper avec sa troupe Clermont pendant une durée de cinq ans. À l’issue, Yolande enfin libérée, retrouva cette cité qu’elle géra sereinement jusqu’à son décès à la fin du XIVe siècle. C’est son fils, le Duc Robert qui lui succéda et qui procéda aux réparations et à l’amélioration de l’édifice du château. Désormais, cette seigneurie se transmettra au sein de cette famille de père en fils, au frère, au neveu puis à René 1er Duc de Bar[7] et en 1483 à René II de Vaudémont[8]. Ce dernier réunit les deux duchés, celui de Bar et de Lorraine. Clermont va de ce fait, vivre une nouvelle période, celle de la Lorraine.

Cette période sera développée ultérieurement.

Clermont 1

Une des plus anciennes images de Clermont (XVII siècle)
La colline en arrière-plan est plus connue à ce jour sous l’appellation de : plateau de Sainte-Ann
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[1] Cet évêque exercera son autorité sacerdotale de 1047 à 1089.

[2] Fils de l'Empereur Henri IV, Henri V (1081-1125) avait été couronné Roi en 1099. Bien qu'il fût l'héritier en titre de l'empire, il se révolta contre son père, de 1104 à 1106.

[3] Thiebaut Ier de Bar, né vers 1158, mort le 13 février 1214, fut Comte de Bar de 1190 à 1214. Il était fils de Renaud II de Bar et d'Agnès de Blois.

[4] Henri II de Bar, né vers 1190, mort à Gaza le 13 novembre 1239, fut Comte de Bar de 1214 à 1239. Il était fils de Thiebaut Ier, Comte de Bar, et d'Ermesinde de Bar-sur-Seine.

[5] Henri IV de Bar, né entre 1315 et 1320, mort en 1344, fut Comte de Bar de 1336 à 1344. Il était le fils d'Édouard Ier, comte de Bar, et de Marie de Bourgogne.

[6] Charles V, dit le Sage ou le Savant, Roi de France, né au château de Vincennes le 24 janvier 1337, mort à celui de Beauté-sur-Maine le 16 septembre 1380. Il était fils de Jean II le Bon

[7] René Ier d'Anjou dit le bon Roi René (16 janvier 1409-10 juillet 1480), Duc d'Anjou et de Bar, Duc de Lorraine par alliance, Roi titulaire de Sicile et de Naples, qui épousera : en 1420 Isabelle Ière de Lorraine, il est une figure de la ville de Saint-Mihiel. Sa maison se visite une fois l’an, lors des journées patrimoniales (la maison du roi René).

[8] René II de Lorraine (1451-1508), dit le victorieux Duc de Lorraine en 1473 et de Bar en 1480 Comte de Vaudémont, Sire de Joinville, Comte d'Aumale, de Provence, de Guise, Baron d'Elbeuf, de Mayenne, Roi titulaire de Naples et de Jérusalem. C'est après une chasse aux loups dans une forêt de Fains-Véel où il prend froid que le Duc de Lorraine René II meurt le dimanche 10 décembre 1508, au château de Fains.

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